Elevage d`Akhal, France, chevaux Akhal Teke
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Dans l’Est de la France, sur les coteaux du Toulois, entre vignoble et cristal, au carrefour de l’Europe, l’ELEVAGE D'AKHAL a trouvé son havre de paix!

Histoire

Jument à Stavroplo

Une race très convoitée

Il serait faux de penser que l’ancienneté de l’Akhal Teke et, de ce fait, l’empreinte qu’il a laissé sur d’autres races ne sont dues qu’à des légendes que les Russes ont entretenues et racontées et que nous rapportons en Europe sans trop y croire…

B. LANGLOIS, Directeur des Recherches à l’INRA, a publié en 1986 un rapport appelé « L’élevage du cheval en Union Soviétique ». Nous en citerons de larges extraits. Ses conclusions s’appuient sur diverses études scientifiques fiables.

La race est souvent comme décrite comme l’ancêtre du cheval Arabe. L’existence d’un type de cheval dans la région située à l’emplacement de l’ancienne Perse est attestée par de nombreux écrits. Les études scientifiques les plus récentes semblent accréditer la thèse selon laquelle il existait une race qui serait l’ancêtre commun de plusieurs races et entre autre de l’Akhal Teke et de l’Arabe.

P. VIGNERON (le cheval dans l’antiquité gréco-romaine, mémoire n°35, 1968) rapporte que les sources chinoises et gréco-latines attribuent aux chevaux d’Iran : une grande taille et une bonne vitesse. De plus, ils sont particulièrement adaptés aux terrains plats et dégagés.

Dans son ouvrage (Domestic animals of China 1969), H. EPSTEIN précise que le chinois Chang Ch’ien, lors d’un voyage à l’Ouest du Pamir entre 138 et 126 avant J.C. a rencontré à Tahuyan, dans le Ferghana, « des chevaux célestes ayant le sang à fleur de peau ». Tahuyan était aux confins du monde hellénique. La description rapportant que ces chevaux « suent le sang » serait due, selon B. LANGLOIS, à Parafiliari Multipapilosa qui est un parasite commun dans ces régions et qui se situe juste sous la peau faisant perler le sang et le mêlant à la sueur lorsque le cheval travaille en été.

Les exemples d’écrit sont nombreux, où l’on cite des lieux divers situés dans la région de Ferghana, Anau ou Nisa (l’actuelle Ashkhabad) et où l’on trouve des traces de fresques représentant des chevaux très typés.

Sur des argiles tombales trouvées en Chine, figurent des chevaux avec des petites têtes, un large front, des yeux bien saillants, un chanfrein rectiligne, long et fin, les naseaux ouverts, les ganaches sèches et allongées, l’encolure fine et arquée, le corps luisant très bien profilé, les membres longs et fins, la queue attachée haute, souple et munie de longs crins.

Que penser après avoir lu la description faite par un contemporain d’Alexandre Le Grand quand il parle de Bucéphale et de sa provenance ? « Ils élèvent un cheval hors du commun, dans les régions fertiles de l’Est, si différent qu’aucun ne peut l’égaler. Ils sont fiers, rapides et vifs. Il y en a des blancs, certains aux couleurs de l’arc en ciel et d’autres ressemblant à la couleur du soleil levant ». STRATON affirme que les « Parthes » possèdent les meilleurs chevaux du monde et les décrit comme étant les descendants directs des chevaux Nigean : typiques dans la couleur, le modèle et le caractère.

La localisation actuelle de la race semble être due à un problème climatique et par voie de conséquence à un problème de nourriture pour les chevaux. Dans la partie Sud du Ferghana, qui correspondait au monde nomade Turc, l’hiver est doux et l’été sec. Les habitants sédentaires ont développé une économie agricole plus diversifiée que celle des nomades. Les déserts chauds font se développer des formes d’économie pastorale sans déplacement vers des montagnes éloignées, ce qui a abouti à la création de races originales. Pour B. LANGLOIS, le mouton Kamal, au même titre que l’Akhal Teke, en fait partie.

La société pastorale du Peuple Teke située dans le désert du Karakum s’est organisée autour du nomadisme stationnaire, avec une concentration l’été autour des points d’eau. Cette sédentarisation a dû entraîné la multiplication des points d’eau et des cellules agricoles indépendantes : d’où le passage d’une société organisée autour du clan familial à une société hiérarchisée autour d’une aristocratie militaire qui avait trouvé comme source de richesse « la razzia d’esclaves » au-delà des frontières iraniennes.

Des principes d’élevage reconnus :


 

Le jeu des revers militaires fait qu’une partie de la population est repoussée vers le désert de Turkménie. Elle met alors au point une méthode d’élevage à laquelle elle doit s’astreindre si elle ne veut pas perdre les chevaux.

Contrairement au bétail, le cheval est une propriété individuelle. De ce fait, chaque cheval est suivi plus rigoureusement. La nourriture est constituée par la production agricole locale composée de luzerne, orge, blé, lait et graisse de mouton.

Le cheval s’adapte donc petit à petit à ce climat rude et voit se modifier sa morphologie. Ses extrémités s’allongent, les formes s’affinent facilitant les pertes thermiques, le poil est ras et soyeux, la crinière peu abondante, il se contente de très peu d’eau. Rappelons que la traversée du désert du Karakum se fait en trois jours sans boire…

Le nom Akhal Teke donné à la race est une appellation moderne qui n’existait pas à l‘origine. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas de chevaux appelés ainsi. Une tribu était appelée Teke. Ces nomades vivaient près des oasis appelée Akhal. Leurs Ak Sakhal (historiens de la tribu à barbe blanche) rapportaient qu’ils possédaient le plus important troupeau dont la plupart des chevaux avaient des reflets dorés.

Les Akhal Teke étaient un rassemblement de plusieurs tribus dont celle des Sakars qui était la plus agressive. Elles se différenciaient par des appellations telles que Blanc, Marron ou Noir. La tribu des Blancs, plus noble et plus ancienne, préférait une vie nomade non établie, contrairement aux autres plus organisées.

Chaque tribu avait son type de cheval bien précis que la différenciait des autres. Il est rapporté que les chevaux les plus hardis et es plus rapides appartenaient à la tribu des Sakar. Certains de ces chevaux, inscrits dans le Premier Stud Book, ont pu être identifiés, car ils portaient le nom de la tribu à laquelle ils appartenaient : Sakar Kitchik, Keshik Sakar.

Les capacités de ces chevaux sont vite mises en valeur par cette société qui se militarise. Aussi l’élevage est encadré par des méthodes que l’on pourrait qualifier de « modernes ». Les chevaux étaient entraînés de manière très sportive. Les courses étaient très nombreuses. On organisait des défis où le cheval accomplissait 5 à 6 sprints de 250 à 500m par jour. Cet entraînement sportif qui est l’équivalent des fractionnés pour l’humain se retrouve étrangement dans le monde actuel du cheval d’endurance.

Le cheval se déplace aisément sur le sable, le rein est souple, il est encore de nos jours en Russie détenteur de records sur des courses de distances qui nous étaient inconnues jusqu’à ces dernières années. En Russie des compétitions se déroulent sur des distances de 200 ou 500 km. A ce propos, rappelons que ces courses sont régulièrement gagnées par des Akhal Teke : POLOTLI détient le record de 5 années de victoires successives sur 500 km.

Il est clair que tout ceci ne peut que confirmer et expliquer ce que certains ont du mal à comprendre et qui est le message que nous nous efforçons de faire passer : l’Akhal Teke a développé des capacités naturelles qui le rendent apte à tous types d’activité équestre. Il ne peut être comme pour des chevaux d’autres races cantonnés à une spécialité. Ses aptitudes tant à l’endurance qu’à la vitesse seront confirmées tout au long du descriptif des lignées.

Des interrogations quant à l’influence sur les autres races :

Il s’est développé autour de l’Akhal Teke envie et jalousie qui ont été orgueilleusement entretenues par les éleveurs. Les différents peuples guerriers recherchaient à la fois des chevaux rapides et endurants : là, ces avantages se trouvaient dans le même cheval.

A partir du XVIIème siècle, on regroupait, sous l’appellation commune « Cheval Turc ou Arabe », tous les chevaux qui étaient importés d’Orient. A l’époque, les Teke n’étaient pas rares et il semblerait que le cheptel se montait à environ 100 000 têtes.
Dans les provinces annexées par l’Empire Turc, qui à l’époque s’étendait jusqu’à l’Autriche, on trouvait nombre de ces chevaux que l’on appelait « l’Arabe des Plaines ». Ils n’étaient autres que des purs Akhal Teke ou des Demi Sang. Il est difficile de comprendre qu’en ce temps là le cheval arabe n’avait pas une réputation d’excellence que par contre avait le cheval Turc ou Turkmène.

Le Pur Sang Arabe :

D’après de nombreux ouvrages, l’apparition de cette race serait située après le VIIème siècle après J.C. Les écrits antérieurs à cette période ne parlent pas du cheval. Jusqu’alors, ces peuplades guerrières se déplaçaient sur des dromadaires. On rapporte que lors du siège de La Mecque en 630, il n’y avait que 2 chevaux. Les écrits du professeur AA. BRAUNER, repris dans le 1er Stud Book, précisent que ce n’est qu’après les différentes conquêtes des Arabes sur l’Iran et une partie de l’Asie Centrale (soit vers le XIème siècle) que « ces guerriers monteront sur de magnifiques chevaux venant de l’Est ».

Les écrits de STRATON ainsi que ceux de VEGETIUS, relatant les différentes guerres de l’époque, ne mentionnaient pas de chevaux arabes mais parlaient en détail des chevaux élevés dans les autres pays d’Asie Centrale.
Les caractéristiques des chevaux montés les Arabes étaient plus proches des Teke que de celles que l’on retrouve chez le cheval arabe actuel.
Un des premiers à en faire une description est THIMOTE de Ghaza, au VIIème siècle, les détails anatomiques et les couleurs des robes sont similaires à l’Akhal Teke.
Les cavaliers de l’époque parlaient de la jument SABSCHACH, souris dorée, et de l’étalon palomino JET VAREL, comme ayant des couleurs de robe inconnues alors chez l’Arabe mais propres aux chevaux venant d’Asie Centrale.

Les guerriers turkmènes étaient devenus des mercenaires, des éleveurs et des instructeurs. Au IXème siècle, nombre d’entre eux travaillaient pour le Khalif de Bagdad. Ils utilisaient leurs chevaux pour monter la garde au Palais.

Par le jeu des croisements, on aurait ainsi abouti à l’Arabe du type Munighi, cheval oriental de type long indéniablement marqué par l’Akhal Teke.

L’étalon Akhal Teke FEROKHAN serait à l’origine des lignées Arabes françaises et polonaises.

Les guerriers arabes ramenèrent de leurs conquêtes des chevaux venant d’Asie qu’ils avaient croisé avec des races se trouvant autour de la mer Caspienne et de l’actuelle Syrie : ils fondèrent ainsi leur élevage.

Petit à petit le type Arabe évolua de manière à s’inscrire dans les préférences des Bédouins qui voulaient un cheval docile et respectueux. L’Akhal Teke était utilisé dans l‘élevage et l’Arabe Munighi en est la résultante actuelle tant par ses allures que par sa conformité.

La fierté des Bédouins voulait que leurs chevaux ne soient pas issus de croisements et ils affirmèrent et ce, jusqu’à nos jours, que l’Arabe était apparu de lui-même dans le désert de NDSHED, prétendant ainsi qu’il est le premier cheval.

Le Pur Sang Anglais :

Les cours d’Europe ont toujours marqué leur grand intérêt pour ce cheval qui à l’époque était appelé Cheval Turc. L’utilisation première, qui en était faite, était bien sûr pour la chasse ; mettant en valeur leur capacité à la fois d’endurance et de sprinters. Aussi beaucoup de ces chevaux furent importés pour être utilisés comme améliorateur des races locales.

Les rédacteurs du Premier Stud Book ont dénombré, ne serait-ce qu’entre les années 1904 et 1920, l’importation de 214 juments et 60 étalons.

Régulièrement depuis le XVIIème siècle, les Anglais importaient des chevaux venant du Trukménsitan : on en dénombrait à cette époque 700.

Plusieurs de ces chevaux sont facilement identifiables de par leurs noms, leurs caractéristiques et l’histoire de leur importation.

Dans le tome XIV du Général Stud Book, on note la présence de l’étalon MERW qui est le nom d’une ville turkmène. Citons encore, OLD BOLD PEG, LISTER TURK, ACASTER TURK, BELGRAD TURK et LEEDS ARABIAN comme étalons dont les origines sont turkmènes.

Le Pur Sang SECOND, né en 1732 descend de BYERLEY TURK et FLYING CHILDERS, était le premier grand cheval de course fils de DARLEY ARABIAN.

Les origines du Pur Sang sont bien connues. Au XVIIIème siècle, 100 poulinières formant le « ROYAL MARES » furent saillies par 3 étalons importés qui étaient : GODOLPHIN ARABIAN, DARLEY ARABIAN et BYERLAY TURK. Ces deux derniers étaient d’origine dite Turque et avaient selon les historiens des ressemblances marquées avec l’Akhal Teke.

Les principaux chefs de lignées des Pur Sang descendirent de ces croisements :

  • BYERLEY TURK engendra Herod à la 4ème génération

    Byerley Turk

  • DARLEY ARABIAN engendra Eclipse à la 4ème génération

    Darley Arabian

  • GODOLPHIN ARABIANS engendra Matchem à la 2ème génération

    Godolphin Arabians

Il a été démontré par le professeur VITT, historien de la race Pur Sang, que Byerley Turk était Akhal Teke et que Darley Arabian était un Arabe Munighi descendant lui aussi d’un Akhal Teke. Mais il y a d’autres étalons turkmènes qui ont eu leur importance dans la fondation de la race Pur Sang. Il s’agit de Darcy Yellow Turk et Darcy White Turk. Ce dernier était considéré comme le plus beau cheval anglais de l’époque. Il est représenté dans le Manning Horse Book de 1882 et parmi sa descendance on trouve Helmsly Turk, chevla du Duc de Buckingham.

B. LANGLOIS va jusqu’à dire « la tête très expressive et belle, elle est de type rectiligne, l’œil en amande est bien saillant. L’encolure est droite, même renversée, elle se caractérise par une épaisseur à peu près constante de la base à la nuque, celle-ci bien infléchie et forte évite à la tête de trop porter au vent. » Je pense que l’on peut trouver là l’origine des encolures de cygne de nos Pur Sang du XIXème siècle.

On trouverait aussi des traces de sang Teke dans la famille du Pur Sang Français TOURBILLON.

Les autres races :

Les Allemands ont trouvé quant à eux des origines Akhal Teke chez le Trakhener par l’étalon TURKMAIN ATTI qui était dans l’élevage de Neustadt/Dosse en 1791. Il était considéré comme meilleur améliorateur que les étalons Arabes et Pur Sang. De nos jours, il est impossible de trouver des papiers de Trakhener n’ayant pas de traces de sang de TURKMAIN ATTI.

Turkmen Atty

Les autres étalons utilisés étaient DELIASDEHR, PERSIANER, DJEIRAN.

L’histoire de ce dernier est très significative, il était utilisé comme étalon à l’élevage de Marbach où il était considéré comme Pur Sang Arabe ! Bien sur il saillit toutes les poulinières Arabes et les hippologues, HECK, SCHIELE et FLADE affirmèrent que c’est ce cheval qui a donné les qualités exceptionnelles des Arabes de MARBACH.

Ce cheval figure d‘ailleurs dans de nombreux pedigrees de Pur Sang Arabes élevés en Europe. Il a ensuite été vendu à l’élevage de NUSTADT/DOSSE où il continua à saillir des Trackhener et ce en étant toujours considéré comme Arabe.

Il est à noter qu’enfin dans les différents Stud Book Européens on trouve des noms comme TEHERAN, BAGDAD ou PERSIADE ce qui laisserait supposer l’origine turkmène de ces chevaux.